Homère (08.. - 08..)

Aède grec, poète épique.
Auteur présumé de l’Iliade et de l’Odyssée. La « question homérique » portant sur l’identité de l’auteur des deux épopées (ou des auteurs) ainsi que sur leur mode de création, qui voit s’opposer d’une part les « analystes » et les « unitaires », d’autre part les « oralistes » et les partisans d’une composition à travers l’écriture, court au moins depuis le XVIIe  siècle, avec les Conjectures académiques ou Dissertation sur l’Iliade de l’abbé d’Aubignac (rédigées vers 1664, publiées de façon posthume en 1715). Dans cet ouvrage, d’Aubignac tente de montrer qu’Homère n’a pas existé et que Pisistrate a construit les épopées homériques en assemblant plusieurs rhapsodies de divers auteurs anonymes, et auquel le personnage de l’Abbé fait référence (III, p.36). La relation à Homère cristallise, dans le Parallèle, tous les enjeux de l’opposition entre les Anciens et les Modernes. Homère est au cœur d’un débat autour de la notion de « goût » : pour les Anciens, faire preuve de goût, c’est apprécier des auteurs que l’histoire a consacrés (dont Homère est l’exemple parfait), pour les Modernes, c’est juger d’une œuvre par soi-même, sans se soucier de l’autorité de l’auteur. En usant de cette liberté qu’il revendique, Perrault reconnaît que « Du siège d’Ilion le Chantre glorieux » a réussi à pénétrer dans le « grand Palais » où sont « soigneusement gardées / De l’immuable Beau les brillantes Idées ». Toutefois, par le truchement de l’Abbé, il présente les épopées homériques comme appartenant à un état de jeunesse du monde et de l’art, imparfaites à plus d’un titre, ce qui leur vaut d’être considérées comme inférieures à des romans contemporains, comme L’Astrée, Clélie, ou Artamène ou le Grand Cyrus. Le début du quatrième dialogue (tome III) est entièrement dédié à l’examen des épopées d’Homère, en particulier à leur sujet, leurs mœurs, leurs pensées et leur diction. L’Abbé critique l’indécence et la grossièreté des mœurs décrites, l’invraisemblance de certains épisodes, l’usage mal à propos des épithètes homériques ou encore les changements de dialectes grecs uniquement motivés par des commodités de versification. Dans le discours opposé du Président, partisan des Anciens, l’œuvre d’Homère est encore la pierre angulaire d’une réflexion plus ample sur le rapport aux auteurs antiques : constatation de l’altérité fondamentale du goût des Anciens et celui des Modernes, goût qui s’est corrompu progressivement, supériorité des auteurs antiques, originaux, sur les auteurs modernes, inévitablement condamnés à répéter des fictions usées. [ABM]

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