Chapelain, Jean (1595 - 1674)

Homme de lettres, poète, théoricien du théâtre, membre de l’Académie française. Auteur de l’épopée La Pucelle ou la France délivrée, parue en 1656, qui connut une réception majoritairement négative auprès des lecteurs, en raison de la rudesse de ses vers comme de ses mœurs. La mention de Chapelain intervient pour la première fois, dans le Parallèle, à la faveur d’un débat sur la légitimité de l’inclusion des « Anges et des Démons » dans les œuvres de fiction : le Président, qui soutient que la poésie n’est « autre chose qu’un jeu d’esprit » déclare que « ces personnages-là sont un peu trop sérieux pour en vouloir égayer la Poésie » (III, p.19). L’Abbé quant à lui soutient qu’il n’y a « aucune indécence » à les inclure : les auteurs qui l’ont fait, comme Chapelain dans La Pucelle, permettent de rendre perceptible, dans la fiction, leur influence imperceptible sur la vie des Hommes dans la réalité. Si le Chevalier remarque que les anges et les diables « que Monsieur Chapelain a introduits dans La Pucelle n’ont guère diverti le Lecteur » (III, p.21), l’Abbé reconnait l’incapacité de Chapelain à être « divertissant » mais défend l’auteur dans son choix d’inclure des anges et des démons dans son épopée. La référence à Chapelain est l’occasion pour l’Abbé de rendre compte de la supériorité des Modernes sur les auteurs antiques puisqu’ils peuvent à la fois traiter de sujets païens, à condition qu’il s’agisse de « personnages moraux dans les sujets qui le permettent » (III, p.22) mais également de sujets chrétiens. Plus avant dans le tome III, l’Abbé s’adonne à une véritable « apologie » de Chapelain après celle de Quinault, sur demande du Chevalier. S’il reconnaît la dureté de sa versification, l’Abbé critique la manière dont La Pucelle a été reçue, c’est-à-dire par un « public » qui se contente de répéter « un quatrain ridicule qui fut porté de maison en maison comme échantillon de l’ouvrage » sans avoir lu l’épopée. C’est l’occasion pour Perrault de développer l’image, récurrente dans le Parallèle, de l’optique, de la bonne distance pour observer une œuvre d’art afin de l’apprécier légitimement, à travers une métaphore architecturale : « Il faut pour bien juger d’un bâtiment s’en éloigner d’une distance raisonnable en sorte que l’œil l’embrasse tout entier et de là examiner les proportions de toutes les parties les unes avec les autres » (III, p.249). [ABM]

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